Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Acteurs, médias et stratégies de communication politique
28 avril 2009

Par Martin Momha Chercheur en sciences du langage

Par Martin Momha

Chercheur en sciences du langage et en stratégies de communication politique

L’idéal serait que lors d’une élection présidentielle qui vise à consacrer à la majorité absolue des suffrages exprimés le premier 01personnage de l’Etat, que le taux de participation avoisine les 100%. Malheureusement, il se trouve que, malgré tant d’enjeux que suscite une telle consultation, plus du quart des électeurs inscrits ne parviennent pas à accomplir leur devoir civique, parce qu’ils sont empêchés (42%), parce qu’ils ne s’intéressent pas du tout à la chose politique (22%) parce qu’il ont la paresse d’aller voter dans un bureau (28%) ou tout simplement parce qu’ils sont résignés (18%).

Une évaluation du taux d’abstention au second tour des élections présidentielles en France depuis 1969 nous révèle les résultats suivants : 15 juin 1969 (31,1%), 19 Mai 1974 (12,7%), 10 Mai 1981 (15,7%), 8 mai 1988 (15,7%), 23 Avril 1995 (21,62%), 7 mai 1995 (20,3%), 5 mai 2002 (20,29%).

Avec le boom des nouvelles technologies de l’information et de la communication, les politologues et les médiologues réfléchissent ardemment sur la possibilité d’expérimenter un vote électronique, notamment, le vote par Internet et surtout par SMS qui réduirait considérablement les abstentions lors des élections politiques.

Ce système a été expérimenté avec succès en Suisse lors des votations du 27 novembre 2005 ou les électeurs d’une quinzaine de communes du canton de Zurich (Bertschikon, Bülach et Schlieren, etc.) ont pu voter par Internet, mais aussi par SMS. Bülach avait déjà pu tester, fin octobre, le vote électronique lors d’une votation communale. 24 % des votants ont utilisé la voie électronique, avec une nette préférence pour l’Internet. Le record a été atteint dans la commune rurale de Bertschikon : 43 % de vote en ligne, soit 27 % par Internet et 16 % par téléphone mobile. Toutes ces expériences se sont réalisées sans aucun problème technique.

La Suisse

termine ainsi sa série d’essais pilote lancée en 2003, d’abord à Genève, puis à Neuchâtel et à Zurich. L’administration fédérale rendra un rapport sur ces tests et, suivant ses conclusions, le Conseil Fédéral devrait probablement se prononcer en commission sur l’opportunité d’ancrer dans la loi fédérale sur les droits politiques une disposition autorisant le vote électronique à distance.

Mais plus que l’Internet, le vote par SMS paraît plus pratique et plus simplifié, compte tenu de la vulgarité du téléphone portable et l’aisance avec laquelle on manie cet outil. Ce service, j’allais dire ce rituel qui connaît un succès fulgurant à la télé, est entré dans les moeurs françaises depuis son utilisation par l’ensemble des émissions de Télé Réalité. Avec plus de cinquante millions de portables en circulation dans ce pays et un taux de détention chez les jeunes jamais atteint par aucun média. Toutes les grandes émissions de télé-réalité (« loft story», « Star Académie », « pop star », « élection Miss France », etc.) ont définitivement habitué les utilisateurs à ce type de service.

En effet, la communication par SMS aujourd’hui n’est plus l’apanage des adolescents, mais plutôt un média de masse. Grâce au système GSM, son envergure est de portée internationale. Ainsi, un citoyen français qui se trouve aux Caraïbes ou au Maroc lors des élections présidentielles, pourrait dans sa chambre d’hôtel, voter pour le candidat de son choix, juste en envoyant un texto à partir de son téléphone portable. Mais comment fonctionne ce système que les médiologues et les politologues tentent de formaliser aux fins électoralistes ?

Lorsqu’il a été politiquement expérimenté en Suisse, les électeurs qui souhaitaient voter par SMS ont reçu un code confidentiel par courrier, en même temps que leur carte d’électeur. Un code qu’ils ont envoyé par SMS à un numéro défini, depuis leur téléphone mobile. Puis ils ont introduit un chiffre correspondant à leur choix (oui ou non) sur les objets de votation.

Concrètement, l’institution chargée de l’organisation du vote communique aux électeurs le mot clé et sa fonction. Exemple : pour voter pour ROYAL, envoyez ROYAL par SMS au 1011. L’électeur rédige alors un texto sur son téléphone portable, comportant « ROYAL » : il envoie ce texto sur le numéro court qui lui a été indiqué. Son vote est traité en temps réel par un serveur SMS qui le comptabilise et l’ajoute aux statistiques générales, et un SMS de confirmation repart vers le destinateur. À la fin du sondage dont la date et l’horaire sont rigoureusement déterminés dans une console d’administration contrôlée par des représentants des candidats et des huissiers assermentés, les votes sont clôturés et le résultat est disponible, prêt à être communiqué.

Donc, si les organisateurs d’une élection politique uninominale à l’instar de la présidentielle veulent accroître le taux de participation des électeurs, il est conseillé de mettre en application et d’expérimenter ce système. Une telle opération de paramétrage  se réalise en deux étapes :

Une étape administrative qui consiste en l’enregistrement des données complètes de l’électeur. Cette phase se déroule dans les cantons et communes. Le nom, le sexe, le jour et le lieu de naissance, l’adresse, la commune de résidence, la circonscription électorale et le numéro du mobile de l’électeur sont les principales données. Ces informations sont transmises à la préfecture qui les transmet à son tour au ministère de l’Intérieur.

La seconde phase est technique. Les données enregistrées sont paramétrées et insérées dans un système ou un terminal qui les centralise. Chaque SMS enregistré au numéro de code qui sera communiqué à tous les électeurs et vulgarisé par les médias, permet d’identifier aisément l’électeur et son signalement. À chaque électeur, correspond un numéro unique et ce numéro ne peut voter qu’une seule fois et que pour un seul candidat. Le scrutin pourrait déjà être ouverts aux électeurs (nationaux et internationaux) inscrits sur les listes électorales dès le démarrage de la campagne électorale. Les médias pourront, si le Conseil Constitutionnel le valide et si le code électoral le permet, dévoiler heure après heure le baromètre des suffrages exprimés. On assistera donc à une élection présidentielle comparable à une vraie émission de télé réalité.

En somme, en proposant une interface de gestion automatique et ponctuelle des statistiques en ligne, le vote par SMS permet un large potentiel d’exploitation. Les résultats en temps réel peuvent être communiqués aux candidats ou aux médias qui pourront informer de façon régulière les électeurs de l’évolution des votes. Mais ce vote ne doit pas altérer les mécanismes traditionnels et les rituels électoraux classiques (vote dans l’isoloir, vote par correspondance). Si toutes ces pratiques sont activées, sûre est une chose, le taux de participation à une consultation politique tendrait asymtôtiquement vers 100%.

Martin Momha

Chercheur en sciences du langage et en stratégies de communication politique

Publicité
Publicité
Commentaires
Acteurs, médias et stratégies de communication politique
Publicité
Publicité